« Décors du cinéma » - partie 3
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Lieu: Un bosquet près d'une route
L’expérience : Nous avons trouvé sur une carte routière très détaillée un petit bosquet longé par une route qui était presque une impasse. On a appris que le propriétaire du terrain, un paysan âgé, habitait un village non loin. Nous voulions être polis, alors on a décidé de l’informer en personne qu’une partie du bosquet serait visible dans nos plans. Après notre explication, le paysan énonça : « Je voulais en être le propriétaire, mais je ne le suis plus. Demandez aux propriétaires actuels. » Il savait très bien quelle serait la réponse des nouveaux propriétaires, ses fils, mais voulait nous punir pour notre impudence.
Dans le village nous avons trouvé les vrais propriétaires, deux jeunes agriculteurs, les fils du vieux paysan. Nous avons expliqué encore une fois notre mission, que nous étions des réalisateurs amateurs, et que nous aimerions filmer une petite partie du bois. Après un long silence le plus jeune a finalement pris la parole : « Eh bien , vous savez, nous trouvons cela difficile. » J’ai presque dit que nous aussi trouvions cette situation difficile mais je l’ai laissé continuer. « Nous n’avons même pas un téléviseur. On nous a demandé une fois de transporter un tonneau de bière au village et nous avons refusé de le faire. » Après discussion avec mes amis réalisateurs, il m’est enfin devenu clair que pour eux, tout ceci, y compris notre tournage, était l’œuvre de Satan.
La Solution : on a filmé la séquence dans un parking vide au milieu d’un parc public.
L’expérience : Nous avons trouvé sur une carte routière très détaillée un petit bosquet longé par une route qui était presque une impasse. On a appris que le propriétaire du terrain, un paysan âgé, habitait un village non loin. Nous voulions être polis, alors on a décidé de l’informer en personne qu’une partie du bosquet serait visible dans nos plans. Après notre explication, le paysan énonça : « Je voulais en être le propriétaire, mais je ne le suis plus. Demandez aux propriétaires actuels. » Il savait très bien quelle serait la réponse des nouveaux propriétaires, ses fils, mais voulait nous punir pour notre impudence.
Dans le village nous avons trouvé les vrais propriétaires, deux jeunes agriculteurs, les fils du vieux paysan. Nous avons expliqué encore une fois notre mission, que nous étions des réalisateurs amateurs, et que nous aimerions filmer une petite partie du bois. Après un long silence le plus jeune a finalement pris la parole : « Eh bien , vous savez, nous trouvons cela difficile. » J’ai presque dit que nous aussi trouvions cette situation difficile mais je l’ai laissé continuer. « Nous n’avons même pas un téléviseur. On nous a demandé une fois de transporter un tonneau de bière au village et nous avons refusé de le faire. » Après discussion avec mes amis réalisateurs, il m’est enfin devenu clair que pour eux, tout ceci, y compris notre tournage, était l’œuvre de Satan.
La Solution : on a filmé la séquence dans un parking vide au milieu d’un parc public.
Lieu: Une forêt
Notre danseuse devait traverser la forêt, en dansant. Il se trouve qu’au Pays Bas, avoir une autorisation de tourner dans une vraie forêt, n’est pas évident. L’association Monuments Naturels était prête à nous concéder un prix de €40 pour «un tournage dans le Gooilust. » Ceci était moins cher parce que nous étions des amateurs. Pour une équipe professionnelle, filmer des arbres serait beaucoup plus cher, €400, et pour un clip publicitaire, cela ne couterait pas moins que €800. Tout doit être méticuleusement catalogué comme les hollandais aiment le faire. Nous avons payé et nous avons eu la permission de photographier les arbres en vidéo et le fonctionnaire des Monuments Naturels, qui est venu nous contrôler pendant le tournage, était satisfait.
Notre danseuse devait traverser la forêt, en dansant. Il se trouve qu’au Pays Bas, avoir une autorisation de tourner dans une vraie forêt, n’est pas évident. L’association Monuments Naturels était prête à nous concéder un prix de €40 pour «un tournage dans le Gooilust. » Ceci était moins cher parce que nous étions des amateurs. Pour une équipe professionnelle, filmer des arbres serait beaucoup plus cher, €400, et pour un clip publicitaire, cela ne couterait pas moins que €800. Tout doit être méticuleusement catalogué comme les hollandais aiment le faire. Nous avons payé et nous avons eu la permission de photographier les arbres en vidéo et le fonctionnaire des Monuments Naturels, qui est venu nous contrôler pendant le tournage, était satisfait.
Narozeniny (The Birthday / L'anniversaire)
NOMEN
Lieu: une vieille ferme
Par des relations dignes de confiance nous avons trouvé une belle vieille cuisine dans une maison de ferme dont la propriétaire était une veuve âgée. Elle s’est révéla être une dame de forte volonté. Nous lui avons tout expliqué pendant une visite préliminaire. L’idée c’était juste de tourner quelques plans dans la cuisine. La dame nous a montré toute la maison, même les chambres. Nous avons eu la permission de tout photographier, y compris une belle et grande Bible ancienne qui était placée sur un tabouret dans son salon. Nous avons tout entendu sur elle-même et sa famille et elle nous montra son album de famille.
Juste avant le tournage prévu, la dame nous a contacté et a demandé, « combien de temps cela prendra-t-il ? Si jamais je trouvais le temps trop long, je vous botterai hors de la maison. » Cela sembla être de mauvaise augure. Néanmoins nous avons pris rendez vous. La veille du tournage, nous avons encore vérifié : « Demain nous viendrons tourner », « Eh bien, cela ne se fera pas », »Mais nous avons tout discuté et vous avez donné votre accord », « Cela ne se fera pas, et de toute façon vous avez déjà tout photographié ». (Une explication pour ce renoncement soudain est peut-être que des membres de sa famille l’ont dissuadé.)
Par des relations dignes de confiance nous avons trouvé une belle vieille cuisine dans une maison de ferme dont la propriétaire était une veuve âgée. Elle s’est révéla être une dame de forte volonté. Nous lui avons tout expliqué pendant une visite préliminaire. L’idée c’était juste de tourner quelques plans dans la cuisine. La dame nous a montré toute la maison, même les chambres. Nous avons eu la permission de tout photographier, y compris une belle et grande Bible ancienne qui était placée sur un tabouret dans son salon. Nous avons tout entendu sur elle-même et sa famille et elle nous montra son album de famille.
Juste avant le tournage prévu, la dame nous a contacté et a demandé, « combien de temps cela prendra-t-il ? Si jamais je trouvais le temps trop long, je vous botterai hors de la maison. » Cela sembla être de mauvaise augure. Néanmoins nous avons pris rendez vous. La veille du tournage, nous avons encore vérifié : « Demain nous viendrons tourner », « Eh bien, cela ne se fera pas », »Mais nous avons tout discuté et vous avez donné votre accord », « Cela ne se fera pas, et de toute façon vous avez déjà tout photographié ». (Une explication pour ce renoncement soudain est peut-être que des membres de sa famille l’ont dissuadé.)
Lieu: un cimetière
Pour avoir la permission de filmer dans un grand cimetière il faut passer par plusieurs couches administratives. Cela ressemble au deals passés avec une multinationale. Nous avons commencé au sommet : Le Cimetière Général, Département de Communication. Ensuite nous avons eu un numéro de téléphone référant au niveau inférieur, et ensuite au patron des gestionnaires des quatre cimetières. Il m’a référé au bon gestionnaire du cimetière où nous avions l’intention de tourner, et on y était presque. Ce manager pouvait identifier le bon responsable. Il y aurait des frais pour les équipes professionnels, mais aussi une somme « à l’amiable » pour des réalisateurs amateurs. Le responsable du cimetière était très aimable et avait beaucoup d’expérience. « L’autre jour nous avons eu une équipe de tournage qui avait besoin d’une main vivante sortant de la tombe ». Il nous montra les lieux et nous avons eu la permission de placer notre propre tombe en polystyrène. L’aspect le plus aimable semblait être le fait que la somme à payer a été oubliée…
Pour avoir la permission de filmer dans un grand cimetière il faut passer par plusieurs couches administratives. Cela ressemble au deals passés avec une multinationale. Nous avons commencé au sommet : Le Cimetière Général, Département de Communication. Ensuite nous avons eu un numéro de téléphone référant au niveau inférieur, et ensuite au patron des gestionnaires des quatre cimetières. Il m’a référé au bon gestionnaire du cimetière où nous avions l’intention de tourner, et on y était presque. Ce manager pouvait identifier le bon responsable. Il y aurait des frais pour les équipes professionnels, mais aussi une somme « à l’amiable » pour des réalisateurs amateurs. Le responsable du cimetière était très aimable et avait beaucoup d’expérience. « L’autre jour nous avons eu une équipe de tournage qui avait besoin d’une main vivante sortant de la tombe ». Il nous montra les lieux et nous avons eu la permission de placer notre propre tombe en polystyrène. L’aspect le plus aimable semblait être le fait que la somme à payer a été oubliée…
Record
Lieu: un commissariat de police
C’était en 2012. Nous voulions approcher des agents de police au commissariat de notre secteur. La coopération avec la police n’existe plus.
Je me souviens de l’année 1986. Nous avons tourné le film Hitch. A ce même commissariat nous avions juste à demander au policier de service et nous pouvions filmer la voiture de police de l’intérieur et de l’extérieur, y compris avec deux officiers de police. Aujourd’hui on se cogne contre un mur impénétrable du langage officiel de la bureaucratie. On a dû soumettre une demande au Bureau Central à Rotterdam avant de recevoir une réponse que la police « n’a pas le temps de s’occuper de vous. » Trouver une solution demande de la créativité. Non seulement cela, nous n’avions pas le droit de filmer à l’intérieur du commissariat. Deux policiers sont venus nous voir quand nous étions en train de filmer dans la rue devant le commissariat avec le message que cela n’était « probablement pas permis ». Ils sont partis pour demander, mais heureusement ils ne sont jamais revenus.
C’était en 2012. Nous voulions approcher des agents de police au commissariat de notre secteur. La coopération avec la police n’existe plus.
Je me souviens de l’année 1986. Nous avons tourné le film Hitch. A ce même commissariat nous avions juste à demander au policier de service et nous pouvions filmer la voiture de police de l’intérieur et de l’extérieur, y compris avec deux officiers de police. Aujourd’hui on se cogne contre un mur impénétrable du langage officiel de la bureaucratie. On a dû soumettre une demande au Bureau Central à Rotterdam avant de recevoir une réponse que la police « n’a pas le temps de s’occuper de vous. » Trouver une solution demande de la créativité. Non seulement cela, nous n’avions pas le droit de filmer à l’intérieur du commissariat. Deux policiers sont venus nous voir quand nous étions en train de filmer dans la rue devant le commissariat avec le message que cela n’était « probablement pas permis ». Ils sont partis pour demander, mais heureusement ils ne sont jamais revenus.
Lieu: un jardin près d'un canal
Heureusement le lieu appartenait à des personnes qui habitaient à coté de notre ancien voisin. Leur assurance amicale a convaincu leurs nouveaux voisins qu’ils pouvaient avoir confiance en nous.
La seule complication fut notre date de tournage : « vous avez la permission de filmer dans notre jardin, mais seulement pendant nos congés »
Heureusement le lieu appartenait à des personnes qui habitaient à coté de notre ancien voisin. Leur assurance amicale a convaincu leurs nouveaux voisins qu’ils pouvaient avoir confiance en nous.
La seule complication fut notre date de tournage : « vous avez la permission de filmer dans notre jardin, mais seulement pendant nos congés »
CONCLUSION
En conclusion, ce n’est jamais suffisant de trouver le bon décor pour un tournage. Il faut aussi comprendre la mentalité des gens. On peut toujours trouver des gens qui veulent bien nous aider, qui se souviennent qu’il vaut mieux nous traiter comme des êtres humains, et qui comprennent les rêves et les visions des auteurs amateurs qui ne cherchent pas la célébrité ni des récompenses financières.